La psychothérapie s’émancipe de la psychologie depuis 1990, quand est signée la « déclaration de Strasbourg ». Celle-ci précise que « la psychothérapie est une discipline spécifique, du domaine des sciences humaines, dont l’exercice représente une profession libre et autonome. La formation psychothérapeutique exige un niveau élevé de qualification théorique et clinique. La diversité des méthodes psychothérapeutiques est garantie. La formation dans l’une des méthodes psychothérapeutiques doit s’accomplir intégralement et comprend : la théorie, l’expérience sur sa propre personne et la pratique sous supervision. Sont également acquises de vastes notions sur d’autres méthodes. » Cette déclaration est contresignée aujourd’hui par les représentants de 40 pays d’Europe.
Une loi souhaitée par les spécialistes
Mais en France, une formation professionnelle à la psychothérapie (ou à la psychanalyse) n’est pas enseignée dans les universités publiques, et ne fait pas partie du programme du diplôme de psychologue, ni de psychiatre. Une loi réglementant la psychothérapie est donc souhaitée par tous les spécialistes depuis de nombreuses années. Il s’agit de protéger à la fois les usagers et les professionnels certifiés contre les agissements de quelques charlatans et contre les infiltrations de certaines sectes. Cependant, pas à n’importe quelles conditions. Or il existe de vives rivalités corporatistes entre les psychothérapeutes, les psychanalystes, les psychologues et les psychiatres.
Le 8 octobre 2003, un amendement surprise déposé par Bernard Accoyer est voté en cinq minutes, « à l’unanimité » des douze députés présents : il stipule que les psychothérapies sont des « outils thérapeutiques » pour le traitement des troubles mentaux. Elles sont réservées aux psychiatres et aux psychologues. Trois approches sont reconnues : psychanalyse, thérapie comportementale et cognitive (TCC) et thérapie familiale. Le 25 octobre, Libération consacre ses trois premières pages au problème. S’ouvre une importante campagne de presse, avec cent articles dans la presse nationale et vingt entretiens sur toutes les chaînes de télévision. Ce débat éveille l’intérêt du grand public pour la psychothérapie, entraînant une croissance de la demande. Le 9 août 2004, après dix mois de négociations délicates entre parlementaires et représentants de cinq professions, est promulguée une loi réglementant le titre de psychothérapeute (et non son exercice). La psychothérapie n’est plus réservée aux médecins et psychologues, et les méthodes ne sont plus limitées. Les psychothérapeutes doivent avoir suivi une formation en psychopathologie (et non en psychothérapie). Or la psychopathologie représente à peine 20 % de la formation d’un psychothérapeute qui, outre un diagnostic, doit proposer des méthodes d’intervention. D’autre part, pour éviter qu’il ne projette sa propre problématique sur ses patients, il importe que tout psychothérapeute ait effectué un travail sur soi approfondi (psychothérapie personnelle) et qu’il demeure en supervision et en formation continue permanente tout au long de sa carrière.