De Paris à Nice en passant par Bruxelles, le mot « kamikaze » a envahi les colonnes des journaux. À chaque attentat-suicide, il nomme l’auteur du crime et fait désormais partie de notre lexique ordinaire.
Mais qu’est-ce donc qu’un kamikaze ? Quoi de commun entre un pilote-suicide japonais de 1944, un anarchiste russe de la fin du 19e siècle, un « enthousiaste » de l’Angleterre du 18e siècle et un jihadiste du troisième millénaire ? Laurent de Sutter, professeur de théorie du droit à la Vrije Universiteit Brussel, aborde le problème à sa manière. Comme l’enthousiaste, rappelle-t-il, le kamikaze désigne étymologiquement celui qui est « traversé par le souffle de Dieu ». Pour autant, ce n’est pas la cause religieuse, sociale ou politique invoquée qui caractériserait son geste. L’acte kamikaze doit être décrit avant d’être saisi dans son histoire, ses ramifications esthétiques, politiques et métaphysiques.