Les habits neufs du terrorisme

« L’apocalypse terroriste s’abat sur New York et Washington », titre Le Figaro au lendemain des attaques du 11 septembre 2001. Cet attentat hors norme nous a-t-il fait basculer dans l’ère du terrorisme ?

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Des attentats du 11 septembre 2001 à l’assassinat en octobre 2020 d’un professeur d’histoire, Samuel Paty, à Conflans-Sainte-Honorine, le terrorisme fait désormais périodiquement la une de l’actualité. En France, il s’est introduit dans nos vies quotidiennes, au point que la présence de l’armée dans les rues ne nous surprend plus. La peur d’une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest aurait-elle laissé place à la menace sourde et tenace du terrorisme islamiste ? Dans un article sur « Le terrorisme comme objet géographique », publié en 2019 par les Annales de géographie, le géographe Daniel Dory constate effectivement depuis le 11 septembre « une focalisation des problématiques, d’abord sur le “phénomène Al-Qaïda”, puis plus amplement sur les manifestations terroristes de ce que l’on peut désigner par commodité comme l’islamisme jihadiste ». Mais il met en garde contre « une sorte de perte de la mémoire historique de la réalité du terrorisme, au profit d’un présentisme “jihadiste” qui fait obstacle à la claire formulation du noyau scientifique du problème ».

Revenir à la définition du terrorisme permet en effet de mieux contextualiser le phénomène. Selon la définition du Global Terrorism Database (base de données de référence pour les chercheurs), le terrorisme est un acte perpétré par un acteur non étatique et consistant à utiliser (ou menacer d’utiliser) l’usage illégal de la force et de la violence pour atteindre par la peur, la coercition ou l’intimidation un objectif politique, économique, religieux ou social. En reprenant cette définition, force est de constater l’ancienneté du phénomène, qu’on pense à la spectaculaire prise d’otages de l’Opep en 1975, à l’attentat contre la gare de Bologne en 1980 ou encore aux multiples attaques menées par l’Ira en Irlande, l’OAS en France ou la Fraction armée rouge en Allemagne. Le terrorisme était déjà monnaie courante avant 1990.