Nous sommes dans un service de cancérologie. Une patiente raconte à une psychologue : « La médecine du travail m’a adressée ici pour une “mauvaise” formule sanguine. Je fais un scanner en urgence, c’est terrifiant ces machines… Le médecin, visiblement pas dans son assiette, me reçoit. Il ne me regarde même pas, il reste rivé à son scanner pour me montrer tout ce qui ne va pas. Il parle de médiastin, de lymphome, de lymphoblastes, de ganglions, je ne comprends rien à rien, il s’énerve. Je fonds en larmes. Il ne sait même pas me tendre un mouchoir. Il me pousse dans les bras d’une infirmière qui proteste qu’elle est débordée. On me ramène à ma chambre. Une heure plus tard, trois médecins débarquent, ils sont en blanc, mais moi je vois trois croque-morts… Ils ont des mines catastrophées… » La patiente parle de choc, évoque une grande solitude depuis l’événement. La maladie, elle n’y croit pas encore. Elle n’est pas prête pour le moment à commencer les traitements. Une psychothérapie de soutien est acceptée à raison d’un entretien quotidien, puis bihebdomadaire. Malgré l’urgence, les entretiens rapprochés permettront une intégration progressive de cette maladie qui prenait des allures de traumatisme.
Narrativité, historisation, subjectivation
Une psychothérapie de soutien a pour objectif d’aider une personne à comprendre une situation de crise, reconnaître la place qu’y tiennent certains symptômes, s’interroger sur ses capacités d’adaptation à la réalité. Les malades somatiques, les psychotiques, les endeuillés ou les personnes en grande précarité peuvent ainsi bénéficier d’une écoute, d’un psychodiagnostic et d’une aide. Cette pratique s’est, surtout à partir des années 1980, développée en milieu institutionnel mais aussi associatif.
• Marie-Frédérique Bacqué, Springer Verlag, 2007.• Édouard de Perrot, De Boeck, 2006.• Valérie Boucherat-Hue et al., Dunod, 2001.