Le monde se restreint avec l’insécurité et le terrorisme ? Le tourisme est là au contraire pour prouver que la planète forme un tout, celui de la mobilité choisie et pendulaire. On part pour revenir, découvrir des lieux inconnus juste pour le plaisir, dépenser en quelques jours des économies patiemment accumulées pendant de longs mois sans autre nécessité que l’envie. Il incarne ce que le géographe Rémy Knafou qualifie de mondialisation pacifique.
Secteur clé de l’économie, le tourisme représente 7 % des exportations mondiales de biens et de services, un des secteurs qui s’est accru le plus rapidement au cours des soixante dernières années. Sa courbe de croissance est régulière, malgré de courtes pauses liées à des crises majeures (2005 après le tsunami du 26 décembre 2004 en Asie du Sud-Est, 2009 après la crise dite des subprimes). Le flux touristique ne cesse de s’accroître. Avec 3 à 4 % de croissance, le monde compte 50 millions de touristes de plus chaque année !
La « moyennisation » du monde
Aux destinations initiales, l’Europe, qui représente toujours la moitié des touristes, et l’Amérique du Nord, s’en sont ajoutées de très nombreuses autres, en premier lieu l’Asie. Aujourd’hui, ce continent fournit le quart des touristes. Il pèse plus que l’Amérique (16 %) et s’accroît plus rapidement. Seule l’Afrique n’assure « que » 5 % du flux mondial (pour 15 % de la population et 22,5 % des terres émergées), mais ce pourcentage progresse.
Cette croissance s’explique par la progression des classes moyennes. En 2009, elles représentaient 27 % de la population mondiale (1,8 milliard). Aujourd’hui environ un tiers : en une génération, 3 milliards de personnes sont sorties de la pauvreté ! Elles seront 5 milliards en 2030, soit 60 % de la population mondiale. Le tourisme est le premier bénéficiaire de la « moyennisation » du monde. En 2015, les classes moyennes chinoises ont dépassé celles des États-Unis !