Avant la crise de covid-19, les emplois à domicile, appelés en France « services à la personne », étaient l’un des plus dynamiques : en 2018, ce secteur comptait plus de 1,2 million de professionnelles, 850 millions d’heures rémunérées, et plus de 28 000 organismes intermédiaires d’emploi 1. Le gouvernement y favorise très activement la création d’emplois à travers un système d’aides et de déduction d’impôts pour les particuliers employeurs, ainsi qu’un système favorisant la déclaration de l’employé. Des aides fiscales sont également allouées aux entreprises de services à la personne, qui occupent la part la plus importante du marché (face au secteur associatif en déclin). L’investissement dans ce secteur d’emploi est largement impulsé par la Commission européenne : depuis le début des années 1990, elle définit l’emploi à domicile comme un débouché opportun pour endiguer le chômage, répondre au besoin de soin des publics dits « fragiles », et favoriser l’accès des femmes au marché du travail. Autrement dit, l’emploi à domicile mettrait au travail les populations les moins qualifiées et/ou sujettes au chômage de longue durée, permettrait aux personnes dépendantes de rester à leur domicile en étant aidées, et aux femmes actives de déléguer leurs tâches domestiques et de parentalité pendant qu’elles sont au travail.