Premier-né d’une nouvelle collection (« Anthropolis ») dirigée par Marc Abélès et Boris Petric, ce Triple A mérite bien sa note et prouve, si c’était nécessaire, que l’ethnographie du proche ne se contente pas toujours de nous montrer ce que nous savions déjà. L’enquête internationale d’Alexandra Ouroussoff part d’une question simple : pourquoi les agences de notation, du moins les plus grandes d’entre elles, ont-elles acquis le pouvoir exorbitant de faire et défaire les cours de la Bourse, voire de déclarer la faillite d’un État ? Grâce à leurs méthodes infaillibles ? À l’évidence, non : elles n’ont anticipé ni la faillite d’Enron (2001), ni la crise des subprimes (2007), ni celle des banques (2008). Grâce au soutien des entreprises ? Encore moins, car dès les premiers entretiens de l’auteur avec des dirigeants, leur colère éclate : « Le principe de ces gens-là (les agences) est de nous instiller la peur. »
Triple A
Triple A . Une anthropologue dans les agences de notation . Alexandra Ouroussoff , Belin, 2013, 140 p., 15,90 €.