Depuis la rentrée 2022, les deux prestigieux lycées parisiens Louis-le-Grand et Henri-IV n’ont plus la possibilité de sélectionner eux-mêmes leurs élèves. Ils doivent, comme les autres, passer par la plateforme d’affectation Affelnet. Cette évolution qui impliquait notamment l’introduction d’un quota d’élèves socialement défavorisés avait suscité la méfiance de la communauté éducative des deux établissements, qui redoutaient une baisse de niveau.
Des craintes infondées à en croire l’analyse des chiffres de l’académie de Paris menée par deux chercheurs en économie. Alors que la proportion de boursiers parmi les entrants en seconde est passée de 10 % jusqu’à 2021, à 21 % en 2022 et que celle d’élèves originaires de collèges socialement favorisés a reculé de 54 % à 44 %, le niveau des élèves recrutés, évalué sur la base des résultats aux écrits du brevet, lui n’a pas bougé.
Selon les chercheurs, cette évolution marque un progrès en matière de justice sociale : en comparant les admis de 2021 qui auraient été recalés en 2022 aux admis de 2022 qui auraient été recalés l’année précédente, ils montrent que les « perdants » de la réforme sont à 83 % issus des catégories très favorisées tandis que les « gagnants » sont composés à 66 % de catégories très favorisées et à 23 % de boursiers.
source
• Pauline Charousset et Julien Grenet, « Peut-on concilier ouverture sociale et excellence scolaire ? Un premier bilan de l’intégration des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand à la procédure Affelnet », Notes de l’Institut des politiques publiques, n° 89, février 2023.