La Pensée sauvage,Claude Lévi-Strauss, 1962
Le terme « sauvage » employé dans le titre est bien sûr à prendre ici avec distance. Car justement, dans cet essai qui a connu un succès mondial, Claude Lévi-Strauss se propose de réfuter la thèse selon laquelle la pensée primitive serait une pensée « prélogique », noyée dans les mythes et croyances irrationnelles.
« L'exigence d'ordre est à la base de la pensée que nous appelons primitive. » Lévi-Strauss prend comme objet d'étude les systèmes classificatoires des peuples indigènes relatifs aux plantes et aux animaux. Il constate d'abord la richesse et la précision de leurs connaissances qui dépassent le strict cadre utilitaire. « Les espèces animales et végétales ne sont pas connues pour autant qu'elles sont utiles : elles sont décrétées utiles ou intéressantes parce qu'elles sont d'abord connues. » De plus, cette pensée implique des « démarches intellectuelles et des méthodes d'observation comparables » . Entre la magie et la science, par exemple, ce sont les « résultats théoriques et pratiques » qui diffèrent, plus que la démarche de la pensée.
Et d'avancer alors sa thèse principale : les connaissances naturelles visent d'abord à mettre de l'ordre dans la nature en instaurant un classement des choses et des êtres. Ce souci de classement, de « mise en ordre », repose sur une logique binaire qui aime les principes d'opposition et de ressemblance. Il manifesterait un attribut universel de l'esprit humain à classer le monde qui l'entoure afin de lui donner sens.
« La vraie question n'est pas de savoir si le contact d'un bec de pic guérit les maux de dents, mais s'il est possible, d'un certain point de vue, de faire "aller ensemble " le bec de pic et la dent de l'homme [...]et, par le moyen de ces groupements de choses et d'êtres, d'introduire un début d'ordre dans l'univers ; le classement, quel qu'il soit, possédant une vertu propre par rapport à l'absence de classement. »
La pensée sauvage se rapproche du « bricolage » et de l'art des sociétés moderne. Elle tente de construire un ordre avec des éléments disparates.
Ce sont des constructions provisoires, destinées à être montées et démontées sous différentes formes.
Studies in Ethnomethodology,Harold Garfinkel, 1967
« " Qu'est-ce que l'ethnométhodologie ? " Une fois de plus j'ai été confronté à cette question lors d'une récente réunion annuelle de l'Association américaine de sociologie. J'attends dans l'ascenseur. La porte s'ouvre. " Oh, salut Hal ! " " Salut ! " Je rentre. La question fuse : " Dis, Hal, qu'est-ce que l'ethnométhodologie ? " La porte se referme. Nous montons au neuvième étage. J'ai juste le temps de répondre : " L'ethnométhodologie traite de problèmes absurdes " ».