Quels sont les principaux différents troubles du sommeil identifiés et étudiés ?
Il y en a beaucoup, et qui reposent sur des mécanismes complètement différents. Nous avons d’abord l’insomnie qui est la difficulté subjective à initier le sommeil, ou à le maintenir, avec des conséquences dans la journée : fatigue, troubles de l’humeur, etc. Elle concerne environ 15 % de la population. L’apnée, elle, consiste en des interruptions intermittentes de la respiration entraînant des réveils du patient. Le sommeil s’en trouve donc fragmenté. 10 % y sont sujets.
Dans le registre des hypersomnies, la plus connue de ces maladies rares est la narcolepsie, qui se caractérise par des endormissements irrépressibles en pleine journée, et qui atteint une personne sur 5 000. Citons également les parasomnies, qu’elles soient relatives au sommeil lent ou au sommeil paradoxal. Celles du sommeil lent, chez 2 à 4 % des adultes, recouvrent des éveils incomplets où se manifestent des comportements comme des cris, des terreurs nocturnes, du somnambulisme. Chez 1 à 2 % des personnes âgées de plus de 50 ans, les troubles comportementaux du sommeil paradoxal, qualifiées aussi de parasomnies du sommeil profond, sont des maladies prédégénératives, provoquées par la destruction au moins partielle des structures du tronc cérébral qui assurent ordinairement notre paralysie pendant le sommeil paradoxal. Les rêveurs se mettent alors à vivre leurs propres rêves. Ce n’est pas à proprement parler du somnambulisme. Mais on connaît d’autres troubles encore !
Les troubles du sommeil sont-ils fréquemment associés à des troubles mentaux ?
Oui, l’insomnie fait même partie des critères permettant de poser le diagnostic de dépression. Se pose alors le problème de l’œuf ou la poule : si l’insomnie constitue un facteur de risque pour une dépression ultérieure, la dépression, elle, entraîne l’insomnie. Le phénomène est donc bidirectionnel et peut persister même après la prise en charge du trouble mental. L’insomnie est alors un trouble comorbide, c’est-à-dire qu’il apparaît en lien avec le trouble mental tout en constituant ensuite une entité pathologique à part. Quand on commence à mal dormir, on éprouve l’appréhension de ce mauvais sommeil et le cercle vicieux de l’insomnie est lancé : voilà pourquoi elle revêt un caractère subjectif. Pour les gens qui dorment bien, le sommeil est un non-sujet. Mais dès qu’on commence à se focaliser sur l’envie de bien dormir, d’une certaine façon, c’est déjà mal parti… Ce qui fait qu’on dort bien, c’est qu’on n’y pense pas !