« Que faites-vous dans votre lit ? » La réponse à cette question paraît évidente : dormir, faire l’amour… C’est pourtant celle qu’a osé poser le sociologue Jean-Claude Kaufmann sur son blog. Les 209 témoignages recueillis ont fait émerger un problème qui concerne plus d’un d’entre nous : comment partager son lit tout en se préservant soi-même ? Ronchospathes (ronfleurs), spatiophages (dévoreurs d’espace), insomniaques, noctambules et leurs compagnons comprendront aisément l’enjeu du livre.
Le lit est le lieu privilégié d’une « tendre guerre ». Car qui n’a jamais rêvé de mettre fin aux ronflements de son partenaire ou de reconquérir ce bout de matelas perdu par un retournement inopiné de l’autre ? Qui n’a jamais envié celui qui reste sous la couette alors qu’il est temps de partir travailler ? Qui n’a jamais été réveillé par un partenaire de lit couche-tard ou lève-tôt ? Qui n’a jamais pesté contre la couette trop chaude en été ou les pieds trop froids en hiver ?
L’enjeu autour du lit, c’est de trouver la « bonne distance », explique J.‑C. Kaufmann. Être avec l’autre sans nuire à son bien-être en quelque sorte. Dans les premières années, les jeunes amoureux innocents mettent un point d’honneur à partager la couette. Chacun cherche à marquer son territoire, quitte à faire des compromis : interdire l’ordinateur portable pour préserver sa quiétude, négocier la livraison du petit-déjeuner au lit, accepter le drap et la couverture plutôt que la couette… Le romantisme vaut bien quelques menus sacrifices ! Mais les choses se compliquent lorsque l’un, exténué par un sommeil de mauvaise qualité, déserte le matelas pour le sofa. Décision égoïste, au détriment de la vie à deux, ou choix « de bon sens », pour préserver son bien-être personnel ?