Un nouveau rapport à l'intimité

En imposant la distanciation physique, la crise sanitaire a bouleversé la part la plus intime de notre vie sociale. Saurons-nous – et voudrons-nous – réapprendre à nous toucher et nous embrasser ?

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Distanciation sociale imposée, gestes barrières comme le port du masque obligatoire…, la pandémie de covid nous a éloignés les uns des autres. Nos relations physiques, celles avec les proches et notre famille, en ont été affectées. « Nous avons perdu les codes les plus anodins au travers desquels exprimer notre affectivité et nos attachements », constate la sociologue et politiste Anne Muxel dans son dernier livre L’Autre à distance. Quand une pandémie touche à l’intime (Odile Jacob, 2021).

Aussi paradoxal que cela puisse sembler, si nous nous sommes éloignés physiquement, nous nous sommes aussi rapprochés affectivement. Les relations se sont resserrées avec les très proches (couples, enfants résidant sous le même toit ou jeunes étudiants, premier cercle d’amis « historiques » ou amitiés très fortes). Par exemple, pendant le premier confinement, 16 % des Français déclarent avoir renforcé leurs relations avec leur père, 18 % avec leur mère, 30 % avec leur fille et 25 % avec leur fils. Nos relations se sont recentrées sur celles qui nous paraissent indispensables au quotidien pour notre équilibre moral et émotionnel.

Sexualité malmenée

La relation de couple incarne ce mouvement et cristallise à elle seule les tensions qui peuvent résulter de cette proximité renforcée. Par exemple, selon A. Muxel, 30 % des couples jugent que le premier confinement les a rapprochés de leur conjoint ; seulement 10 % déclarent qu’il les a éloignés. Pour autant, les déclarations de violences conjugales ont aussi augmenté (+ 30 % pendant le premier confinement). 27 % des couples déclarent avoir eu envie de se séparer pendant le premier confinement, mais il s’agissait le plus souvent soit de situations déjà tendues qui n’ont été qu’accentuées sous l’effet de la cohabitation forcée, soit de perturbations temporaires régulées au fil des jours.