Vaincre le bégaiement

Longtemps considéré comme symptôme d’une personnalité trop émotive ou fragile, le bégaiement est aujourd’hui mieux compris et pris en charge grâce aux récents apports des neurosciences.

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De nombreuses personnes célèbres ont souffert de bégaiement, à l’image de Démosthène (célèbre orateur dans la Grèce antique), Lewis Carroll (le père d’Alice au pays des merveilles) ou encore le roi George d’Angleterre. L’émouvant film Le Discours d’un roi (Tom Hooper, 2010) illustre la bataille acharnée de cet homme courageux au moment de l’avènement des médias et au seuil de la Seconde Guerre mondiale. Le bégaiement touche à des degrés divers 1 % des adultes et entre 4 et 5 % des enfants. Il a toujours existé dans tous les milieux, toutes les ethnies, avec des descriptions relativement similaires dans toutes les langues. S’il a été considéré de tout temps comme un handicap, ses causes ont en revanche fait l’objet d’interprétations de divers ordres : magiques, religieuses, intellectuelles, affectives, psychanalytiques, phoniatriques 1 et tout récemment – dans la dernière décennie – génétiques et neuropsychologiques.

Un trouble du langage, mais aussi du lien social

La parole aisée et fluente résulte de l’intégration de capacités de trois ordres : des savoir-faire moteurs relatifs au visage et à la bouche, des aptitudes cognitives et attentionnelles et des compétences linguistiques.

Dans le bégaiement, la coordination de ces trois capacités est désintégrée. Le bégaiement est d’abord un trouble moteur qui touche spécifiquement les mouvements présidant à la parole. Celle-ci est rapide, saccadée, mal contrôlée. La personne qui bégaie (PQB) a souvent des troubles de la respiration. L’inspiration est trop rapide, trop brève et irrégulière. L’expiration est saccadée, mal contrôlée. La synchronisation entre l’inspiration et l’expiration est irrégulière. Les cordes vocales présentent des spasmes et des tensions excessives qui causent des troubles de la voix. Le bégaiement se caractérise aussi par des troubles de l’articulation, notamment des blocages qui se résolvent en une émission sonore explosive, saccadée, et par des répétitions irrépressibles de syllabes (par exemple : un ort ttttto ffffff oniste). Les difficultés articulatoires se concentrent surtout sur les consonnes qui exigent une régulation fine des tensions musculaires. Elles se produisent plus particulièrement au début des mots et sur les mots longs. Ces troubles sont variables dans le temps, selon l’interlocuteur et le lieu.