Vers de nouveaux clivages politiques ?

Les élections présidentielles de 2017 ont vu s’affirmer un clivage entre les partisans du recentrage national et les défenseurs d’une société ouverte.

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Dans la chaîne des dix élections présidentielles de la Ve République, celle de 2017 marque une véritable rupture. Depuis 1965, sept élections avaient vu, au second tour, l’affrontement d’un candidat de droite et d’un candidat de gauche. Deux seulement (1969, 2002) avaient constitué des exceptions à cette « règle » du duel entre la droite et la gauche. La gauche avait été éliminée du second tour au profit du centre en 1969, au profit de l’extrême droite en 2002, mais, dans les deux cas, un représentant de la droite était présent et l’avait d’ailleurs emporté. En 2017, le dérèglement du clivage entre la gauche et la droite est total. Les deux représentants de la droite et de la gauche de gouvernement rassemblent avec difficulté un quart seulement de l’électorat (26 % des suffrages exprimés) et sont écartés à l’issue du premier tour. Le second tour voit s’exprimer un affrontement inédit entre une candidate du Front national et un candidat qui se réclame d’un « ailleurs politique ». Au-delà de leur antagonisme, les deux candidats partagent une position commune, celle du rejet d’un clivage gauche-droite considéré comme dépassé. Ce rejet trouve un très large écho dans l’ensemble de l’électorat. Interrogés en juin 2017, 71 % des Français pensent que « les notions de droite et de gauche sont dépassées : ce n’est plus comme ça qu’on peut juger les prises de position 1 ». Tel est le cas dans tous les milieux sociaux et dans tous les électorats (sauf parmi les sympathisants de France insoumise et du PCF où le rapport des forces est de 50/50) : 86 % des sympathisants En Marche, 76 % de ceux du FN mais aussi 66 % de ceux du PS et 58 % de ceux de LR partagent ce sentiment.