Les seules unités historiques réelles sont pour lui les cultures/civilisations dont il dénombre huit formes historiques (égyptienne, mésopotamienne, indienne, chinoise, gréco-romaine antique, mexicaine, arabe et occidentale). L'histoire humaine n'a pas de sens déterminé, qui verrait l'avènement de « la » civilisation. Il prône une étude comparée des cultures et civilisations et introduit un relativisme radical en affirmant que les cultures sont repliées sur elles-mêmes et n'ont aucune communication, influence ou compréhension réciproques. Inspiré par Goethe et surtout Herder, il les dote d'une âme et d'une physionomie propres.
Oswald Spengler
Utilisant une métaphore biologique de type darwinienne qu'il applique aux cultures elles-mêmes, Spengler affirme qu'elles vont de l'enfance à la mort et distingue pour chacune d'elles une phase de jeunesse (la « culture ») et une phase de déclin (la « civilisation »). La culture est caractérisée par la vitalité, la force d'expansion et de domination d'une communauté culturelle humaine. La civilisation incarne le stade ultime d'une aire culturelle, celui de son déclin puis de son repli où se développent des guerres entre Etats, des guerres civiles, des mouvements révolutionnaires et des agressions externes. Tous ces phénomènes se combinent et génèrent des dictatures impériales ou l'effondrement. C'est dans la comparaison avec d'autres civilisations, notamment celle de l'Antiquité gréco-romaine, que Spengler acquiert la certitude du déclin de l'Occident qui finira immanquablement, selon lui, sous le joug d'une dictature césarienne, comme la Grèce et la Méditerranée avaient en leur temps été dirigées par l'Empire romain et son César. Le Déclin de l'Occident, publié au moment de la défaite allemande, connaît un retentissement énorme et fait immédiatement l'objet d'une forte controverse. Il est vrai que Spengler, ancien professeur de lycée, installé comme écrivain à Munich depuis 1911, s'illustre comme écrivain de droite, hostile à la République de Weimar et au parlementarisme (il s'opposera cependant, avant sa mort en 1936, au régime nazi). Au-delà du succès de diffusion, lié au tragique de la situation allemande à l'automne 1918, le livre sera commenté et discuté, notamment parce qu'il inaugure une réflexion relativiste sur les cultures qui ne cessera de s'approfondir sous des formes diverses.