Volontairement pauvres. L'expérience d'ATD Quart Monde

Faire le choix de la pauvreté pour lutter contre la misère, voilà qui peut paraître paradoxal. C’est pourtant bien ce que défend l’association ATD Quart Monde. Son fondateur, le père Joseph Wresinski, préconisait ainsi aux volontaires de vivre dans un certain dénuement. Non pour des raisons religieuses, ou parce qu’il s’agirait d’un état naturel et souhaitable, mais parce que cette pauvreté choisie est importante pour venir en aide aux familles dans la misère. Il invoque quatre raisons. D’abord, la pauvreté des volontaires leur permet d’être proches des pauvres, de se faire accepter par eux et de nouer un rapport de confiance. En outre, elle les aide à sortir de l’image négative que les pauvres ont souvent d’eux-mêmes : « Puisque nous acceptons volontairement d’être pauvres, c’est que l’état de pauvreté n’est pas un état sale ni honteux. Sans doute demeure-t-il un état pénible, mais les pauvres peuvent croire qu’il n’est pas un état inférieur, sous-social, sous-religieux, sous-professionnel, en somme un état mauvais. » Dès lors, et c’est le troisième bénéfice, ils cesseront de considérer les riches comme supérieurs à eux : « Les pauvres voyant leur état valorisé, auront beaucoup plus de possiblités d’entrer en contact avec leur entourage et d’affronter le monde » (Joseph Wresinski, Écrits et paroles aux volontaires, tome I, 1960-1967, éditions Saint Paul Quart Monde, 1992). Enfin, cette confiance en soi leur permettra d’être capables d’accueillir les plus pauvres d’entre eux.