Les activités de décision et de gestion, qui font le quotidien des dirigeants d’entreprise, demeurent considérées comme relevant principalement d’une science de l’action, dont l’objectif prioritaire est de conduire à des conclusions opératoires et à des solutions pratiques. Or, comment enseigner et transmettre ce qui s’acquiert essentiellement à travers l’expérience de la pratique elle-même ? Pendant longtemps, deux principales réponses pouvant apparaître opposées furent apportées à cette question : la formation « sur le tas » au sein des maisons de commerce et l’étude des ouvrages élémentaires en la matière, tel Le Parfait Négociant, publié en 1675 par Jacques Savary (1622-1690).
Toutefois, dès 1800, le négociant français Vital Roux (1766-1846) critique ces deux approches. S’inspirant de ce qui existe déjà dans certains établissements scolaires de Flandres, il préconise de créer des écoles de commerce en France et d’y enseigner les affaires avec des « opérations de commerce simulées » 1. Ces dernières consistent en une simulation devant se dérouler sur trois périodes successives, d’une durée de six mois chacune, se voulant aussi réalistes que possible et dont la difficulté va croissant. Dans ce cadre, chaque élève est appelé à faire « comme si » ; comme s’il était un authentique marchand de son temps. La formule est employée, non sans quelques changements, à l’École spéciale de commerce de Paris (l’actuelle ESCP-Europe, fondée en 1819) durant une trentaine d’années, avant d’être délaissée au profit des visites d’entreprises.