Ce petit essai synthétise une série d’enquêtes menées au cours de ces dernières années. Stéphane Le Lay s’y emploie à mettre en évidence la montée d’un style de management qu’il nomme « distractif ». Par là, il faut entendre l’usage du jeu comme nouveau moyen de rationaliser le travail. L’auteur admet que la stratégie n’est pas inédite puisque dès le 18e siècle, des philosophes avaient déjà attiré l’attention sur la possibilité d’associer pratiques ludiques et ambitions pédagogiques. Dans le domaine du travail, le recours au jeu n’est pas non plus une pratique totalement inconnue. Qu’il s’agisse du détournement d’outils de travail à des fins personnelles et plaisantes (la « perruque ») ou de la mise en scène ludique des activités sous forme, par exemple, de compétition entre pairs, la « gamification » était déjà à l’œuvre à l’époque du taylorisme triomphant.