Au coeur des rapports de force

Le pouvoir vient-il d’en haut ? Pas nécessairement, si l’on cesse de le concevoir comme l’exercice d’une autorité constituée, mais comme la résultante de relations complexes et évolutives entre les hommes.

Le phénomène du pouvoir déborde le champ de la politique et de l’État. Il constitue un fait social qui se produit dans des situations d’interaction entre les individus. Dans son ouvrage Qui gouverne ? (1961), le politiste Robert Dahl a donné une définition canonique du pouvoir comme relation : « A exerce un pouvoir sur B dans la mesure où il obtient de B une action que ce dernier n’aurait pas effectuée autrement. » Le pouvoir de A réside dans sa capacité à déterminer le comportement de B, et c’est cette conduite non spontanée de B qui donne la mesure du pouvoir détenu par A. Cette approche peut être envisagée sous l’angle psychologique de l’influence par laquelle A amène B à agir dans le sens qu’il désire. Une interprétation de type économique est également possible : dans ce cas, A et B entrent dans un processus de négociation, et le pouvoir se situe du côté de l’acteur qui parvient à imposer des termes de l’échange qui lui sont favorables. L’asymétrie résultant de la mise en œuvre de stratégies croisées caractérise alors la relation de pouvoir.