Autorité : le débat américain

Aux États-Unis, l’éducation des enfants fait l’objet de débats passionnés. Faut-il suivre le modèle d’une éducation rigide et coercitive comme le propose la chinoise Amy Chua ? Ou, au contraire, celui d’une « éducation à la française », ferme mais démocratique, prônée par Pamela Druckerman ?

Paru en 2011, L’Hymne de bataille de la mère Tigre  1 a fait grand bruit des deux côtés de l’Atlantique. Son auteur, Amy Chua, d’origine chinoise, diplômée de Harvard, réside aux États-Unis, y raconte comment elle a éduqué ses deux filles selon un mode d’éducation à la chinoise. Hors de question pour elle de suivre le modèle occidental qu’elle considère comme trop permissif et voué à l’échec. Pour Sophia et Louisa, obligation d’être les meilleures à l’école au prix de nombreuses heures de travail assidu chaque jour, de jouer du piano ou du violon (exclusivement) et d’être des virtuoses, d’apprendre le mandarin… En bref, une obligation d’excellence dont le prix à payer se décline dans toute une liste d’interdits : pas de goûters ni de « soirées pyjama » avec les copines, pas de télévision ni de console de jeux, aucune possibilité de contester ou de choisir !

Pourquoi un tel succès pour un ouvrage décrivant une mère inflexible, très dure aux yeux de bien des parents occidentaux ? Plusieurs raisons à cela. D’une part, une fascination pour une réussite brillante dont rêvent beaucoup de parents. En contrepoint, la difficulté à éduquer les enfants, à les motiver pour les études et à leur transmettre des valeurs et une culture qui soient le reflet des aspirations parentales.

Parents-hélicoptères

Au États-Unis, le débat sur l’éducation des enfants est sur la sellette. À en croire une pléthore de publications sur le sujet, les parents américains seraient complètement débordés. « Les maisons sont tellement “child-proofed”, qu’on a l’impression que ce sont les parents qui habitent chez leurs enfants ! », mentionne une essayiste franco-américaine. L’Amérique, depuis sa naissance, a toujours célébré l’enfant-roi. Mais le phénomène aurait pris une telle ampleur que les Américain(e)s de la classe moyenne commencent à se rebeller contre la dictature de leurs kids. En tête de ce mouvement d’« unparenting » (« déparentalité »), la journaliste Pamela Druckerman dénonce l’hyperparenting qu’elle voit comme l’archétype de l’éducation américaine, les « parents-hélicoptère » sans cesse prêts à voler au secours de leurs enfants et à satisfaire dans l’instant le moindre de leurs désirs.