Berlin - Du clubbing à l'opéra

Chaque vendredi, ils sont une dizaine de milliers à affluer de toute l’Europe pour se jeter à corps perdu dans la longue nuit de la techno berlinoise. L’« easyjet-set », c’est ainsi que le journaliste allemand Tobias Rapp (1) appelle cette masse festive qui profite allègrement d’Easyjet et autres vols low cost. Dès la descente de l’avion, c’est potentiellement une fête de 72 heures non stop qui commence. Les clubs d’after ouvrent leurs portes à huit ou dix heures du matin à ceux qui se sont trémoussés toute la nuit sur les dance floors de Friedrichsain ou de Treptow, qu’ils s’appellent Watergate, Berghain ou Kitkatclub.

Activité florissante s’il en est, le clubbing berlinois apparaît ainsi comme l’une des (rares) activités qui ont tiré leur épingle du jeu de la réunification des deux Berlin. Celle-ci n’a, en effet, pas fait que des heureux, loin de là. Une municipalité surendettée, des firmes qui rechignent à s’installer dans la capitale de la nouvelle Allemagne, une désindustrialisation accélérée dans les années 1990, en raison notamment de la faible compétitivité des établissements est-allemands… L’architecture high-tech du Sony Center sur la Postdammer Platz et la renaissance de Mitte, le centre historique et marchand de Berlin, ne sauraient faire oublier que la refondation de la ville n’a pas tenu jusqu’ici ses promesses, une déception à la hauteur des 19 % (en 2004) de chômage dont souffre la métropole.

(1) T. Rapp, , Suhrkamp, 2009.