La bienveillance, qui peut bien être contre ? Définie comme une disposition à veiller au bien d’autrui, la bienveillance ne peut être qu’une source de bonne entente entre les humains, si elle est réciproque bien sûr. Mais quant à en faire une politique, c’est-à-dire la maxime gouvernant les institutions propres à une société plus juste et plus démocratique, c’est une autre paire de manches. Or, voici plus de dix ans que, sous des visages à peine distincts, le vocabulaire de la bienveillance a littéralement repeuplé trois secteurs au moins des sciences humaines appliquées : le soin, l’éducation parentale et scolaire, ainsi que la psychologie du travail. Loin de moi l’idée de faire le tour de l’abondante littérature sur le sujet, sauf à noter que ceux qui s’y consacrent finissent souvent par s’interroger sur les limites de cette disposition généreuse : être bienveillant, oui, mais jusqu’où ? On en veut pour preuve que, bien souvent, la bienveillance, en particulier dans le domaine scolaire, ne finit pas seule : on conclura au besoin « d’autorité bienveillante », de « rigueur bienveillante », ou bien encore (ce qui revient au même) de « discipline positive ».