Borderline : des patients à la limite

La souffrance profonde des patients, qui se dévaluent en permanence, se traduit par des conduites déviantes qui défient à la fois l’entourage et les normes sociales.

Chez un sujet état-limite (SEL) s’associent souffrance psychique et déviance comportementale. La déviance, à la fois défense et symptôme, exprime la souffrance.

 

Une fragilité narcissique

La souffrance du SEL traduit son mal-être permanent lié à une estime de soi médiocre, ce que l’on appelle une fragilité narcissique. Le sujet se sent en permanence délaissé, mal aimé, ne méritant pas d’être aimé. Il ressent une incapacité au bonheur, un profond sentiment de vide, un manque de sens à son existence, avec perturbation de sa représentation de soi par rapport aux autres.

En conséquence, un vécu dépressif résistant aux psychothérapies classiques et aux traitements antidépresseurs est quasi constant. La dépression, insidieuse à l’adolescence, devient chronique. Parfois masquée, elle infiltre et conditionne la vie du sujet, se réactivant par périodes. On retrouve alors angoisses massives, réactions caractérielles, hyperréactivité émotionnelle, impulsivité, intolérance à la frustration, agressivité envers soi-même ou autrui provoquant rejets et ruptures.

publicité

Le SEL réfrène toute affectivité authentique, en raison d’une crainte permanente d’être abandonné qui devient intolérable dès qu’un événement réel ou fantasmé la réactive. Des tentatives de suicides émaillent sa vie, chantage affectif ou réel désir d’en finir avec cette souffrance. Cet « abandonnisme » renvoie souvent à des expériences traumatiques infantiles réactualisées à l’âge adulte, en une notion de répétition.

Hypersensible à tout signe en provenance de son entourage pouvant lui faire craindre un (nouveau) rejet, il va souvent, inconsciemment, pousser son partenaire au clash par son comportement (on parle de conjugopathie). Sans savoir tirer profit de l’expérience, il va développer un sentiment d’injustice, de préjudice ou de persécution : c’est la sensitivité. Sa vie accumule donc des ruptures subies ou provoquées qui confortent son vécu abandonnique et le marginalisent par une conduite d’échec. Les SEL ont l’art de saboter leur vie.