Sept heures du matin, un lundi : sous une pluie fine, quelques hommes attendent devant une agence d’intérim francilienne encore fermée. Les minutes s’égrènent, le groupe s’épaissit, jusqu’à former un semblant de file d’attente, quand une demi-heure plus tard, le responsable de l’agence et son employée viennent ouvrir. « Alors, il me faut trois ferrailleurs ce matin. J’ai pas besoin de manœuvres aujourd’hui », s’égosille le premier depuis son comptoir, face à une marée de regards anxieux. Ainsi débute Chantier interdit au public, bande dessinée inspirée de l’enquête de terrain du sociologue Nicolas Jounin 1. Quelques années plus tôt, le chercheur s’était engagé comme manœuvre sur un chantier de la région parisienne pour y observer directement les faits. Dans cette version bande dessinée, le sociologue s’efface et le lecteur suit Hassan, jeune ferrailleur intérimaire arrivé sur un chantier de la société Boucifage, où il retrouve l’une de ses connaissances, Soleymane, manœuvre expérimenté devenu coffreur, qui va le guider dans les arcanes du BTP.
Chantier interdit au public
Chantier interdit au public, Claire Braud et Nicolas Jounin, Casterman, 2016, 164 p.,12 €.