Le pouvoir comme « relation »
Selon le sociologue Michel Crozier, le pouvoir dans les organisations n'est pas un « attribut » propre à certains individus, mais une relation entre au moins deux individus. Cette relation, nécessairement réciproque, est rarement égale. Plus il y aura inégalité entre deux individus, plus l'un détiendra du pouvoir sur l'autre. Mais, les dominés ne sont pas toujours ceux auxquels on pense ! Car les individus, à l'intérieur des contraintes imposées par leur hiérarchie, développent des « zones d'incertitude », source de pouvoir.
Quatre items sont à l'origine de ces interstices dans le pouvoir formel. Premièrement, la maîtrise d'un savoir ou d'un savoir-faire. Deuxièmement, la relation que l'organisation entretient par rapport à son environnement. Est-il stable ou non ? Par exemple, dans un marché très concurrentiel, les commerciaux auront plus de pouvoir car ce sont eux qui, au premier chef, devront amortir les fluctuations. La maîtrise des flux d'information et de communication est une troisième source de pouvoir. Enfin, la connaissance des « règles du jeu » augmente les possibilités de sortir gagnant du jeu qui s'établit au sein de l'organisation.
Le pouvoir sur les esprits
Le courant de la « sociologie clinique » impulsé par Max Pagès appréhende le pouvoir non pas du point de vue des stratégies individuelles (comme chez M. Crozier) mais des « facteurs inconscients ». Adoptant cette démarche psychanalytique, Eugène Enriquez conçoit l'organisation comme un système imaginaire qui se décline sous deux formes : un « imaginaire leurrant » et un « imaginaire moteur » .