À l’été de mes 19 ans, je troque une vie d’étudiant banal et un peu paumé pour une expérience exaltante d’évangélique fondamentaliste, dans la droite ligne des créationnistes américains. Mais douze ans plus tard, alors que j’exerce la fonction de pasteur d’une petite assemblée, le château de cartes s’effondre et ma foi disparaît.
Tout commence à la fin du lycée. Mes amis s’éparpillent, j’entame des études dans une ville inconnue. Mon groupe d’appartenance, pour parler en langage sociologique, se délite. J’ai besoin de me trouver, de mettre un pied dans la vie d’adulte avec quelques certitudes de plus.
Invité par mon père, converti depuis quelques années, je trouve chez les évangéliques une promesse de changement. Je rencontre des gens de mon âge qui font tout pour m’intégrer. Enfin un nouveau groupe, un idéal de vie auquel m’adosser. Galvanisé par le nombre – les rassemblements nationaux de jeunes évangéliques dépassent le millier de participants – et la musique, j’expérimente « la présence de Dieu » dans des sortes de transes. On me raconte que Dieu guérit, fait des miracles, dirige les vies.