Comment justifier l'arrêt d'un traitement ?

Au-delà des débats sur le cas extrême de l’euthanasie, la question de l’arrêt du traitement apparaît délicate. Comment respecter la personne mais aussi la protéger dans des circonstances où elle est particulièrement vulnérable ?

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L’éthique médicale fait trop souvent irruption sur la scène publique dans le contexte de circonstances extrêmes, de dilemmes, voire de controverses qui concernent un processus décisionnel ou le manque d’anticipation d’une innovation ayant des impacts sur nos repères et nos représentations. Les évolutions dans le champ de la biomédecine justifient un accompagnement soucieux de valeurs démocratiques fortes, mais également un encadrement déontologique et législatif susceptible de prémunir la personne de toute exposition à un risque inconsidéré, à des « traitements inhumains ou dégradants 1 ». Il convient de rappeler à cet égard que l’un des textes fondateurs de l’éthique biomédicale est rédigé en 1947. Le code de Nuremberg pose, dès son article 1, le principe de « consentement volontaire ». L’arbitrage dans le cadre d’une concertation juste, respectueuse de la personne dans sa faculté de discernement et l’expression de ses préférences s’impose à l’encontre de toute menace d’arbitraire. C’est ainsi que la démarche éthique associe la personne malade au processus décisionnel qui la concerne, lui permettant de bénéficier d’une « information loyale, claire et appropriée 2 ». Ce partenariat dans le soin détermine des pratiques professionnelles attentives à reconnaître la personne dans son autonomie, y compris si elle décide de l’interruption ou de l’arrêt d’un traitement ou d’un soin.

Il convient de préciser d’emblée le contexte dans lequel est abordée la décision « d’arrêter un traitement », et donc les principes auxquels se réfèrent les professionnels de santé dans l’examen collégial d’une situation clinique toujours spécifique. S’impose à eux certes le devoir de respecter le droit de la personne malade mais également l’obligation de la protéger de tout renoncement anticipé inapproprié. Cette tension est d’autant plus forte s’agissant de maladies évolutives ou à impact cognitif qui affectent l’intégrité de la personne au point de pouvoir donner le sentiment d’une « existence indigne d’être vécue ». Il convient donc d’être prudent dans l’analyse éthique de circonstances souvent assimilées à « la fin de vie » et tenir compte de cette position tirée d’une concertation menée au Conseil de l’Europe : « Toute situation de fin de vie correspond à un des degrés les plus élevés de vulnérabilité dans la vie d’un être humain et peut avoir une incidence profonde sur l’aptitude du patient à exercer son autonomie et à fournir un consentement libre et éclairé (3). 3 »