Pour Richard Klein, paléoanthropologue réputé de l’université de Chicago, le langage humain serait apparu en Afrique il y a environ 50 000 ans à la suite d’une mutation du gène FoxP2 1. Le langage serait donc le produit d’une mutation génétique parfaitement datable. Cette réponse est toutefois très loin de réunir l’assentiment des spécialistes de la question.
Une question lourde de présupposés…
La question des origines du langage comporte quelques pièges et cache de lourds présupposés. Premier piège : s’interroge-t-on sur l’origine de la faculté de langage comme maniement de signes (ce qui inclut les diverses langues des signes), ou spécifiquement de la parole ? Ce sont deux questions différentes : le langage des signes montre que l’on peut échanger des signes sans parole. Deuxième piège : à quoi reconnaît-on un langage ? Toute expression symbolique, par exemple la représentation des mains décalquées dans d’innombrables grottes préhistoriques, est-elle partie prenante d’un langage ? Sans doute, pour les sémioticiens qui étudient les stratégies humaines visant à attacher du sens à un support matériel. Troisième piège : la formulation présuppose que le langage humain est apparu en un seul lieu à une seule époque (c’est la thèse de la « monogenèse »), alors qu’il est possible qu’il soit apparu à différentes occasions et qu’une seule variante de langage articulé se soit maintenue à la suite d’une compétition ou de l’extinction d’un peuple doté de cette faculté. On a identifié une variante du gène FoxP2 dans deux ossements de Néandertaliens, ce qui laisse supposer qu’ils possédaient une aptitude au langage : mais quel genre de langage les Néandertaliens parlaient-ils ?