Consommer en temps de crise

Low cost, achats d’occasion ou groupés, location, troc… 
Les consommateurs développent de nouvelles stratégies auxquelles 
les industriels cherchent à s’adapter. Ce faisant, une modification
 durable des modes de consommation s’opère.

Baisse du pouvoir d’achat, crainte du chômage, incertitudes quant à l’avenir… Les Français n’ont d’autre choix que de s’adapter. Différentes « solutions » s’offrent – ou s’imposent – à eux : consommer moins, moins cher, « mettre la main à la pâte » ou encore partager.

1. Consommer moins

En temps de crise, dépenser moins se révèle un impératif pour beaucoup ; l’augmentation des dépenses dites « contraintes » ou « préengagées » limite les marges de manœuvre. Pour faire face à la baisse de leur pouvoir d’achat, les Français se voient donc dans l’obligation de faire des arbitrages ; certains achats s’en trouvent différés, voire supprimés.

Victimes de ces choix, les ventes de voitures neuves ont chuté de 14 % en 2012. Pour tenter d’inverser la tendance, les constructeurs multiplient les rabais sur les voitures neuves, de façon à dégonfler leurs stocks. Mais les particuliers recherchent avant tout des prix serrés et c’est l’occasion qui leur apporte actuellement la meilleure réponse. Autre donnée notable, même s’il a été éphémère, le monde a connu en 2008 un nouveau choc pétrolier qui a laissé des traces dans les ménages qui ont continué de réduire leur consommation lorsque les prix de l’essence ont baissé.

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Autre poste de dépense directement menacé par la baisse du pouvoir d’achat : les vacances. Les Français continuent à partir, mais la crise impose de nouvelles contraintes ; ils partent moins loin, moins longtemps et pour moins cher. Dans ce domaine comme dans d’autres, toutes les catégories sociales ne sont pas logées à la même enseigne. Le taux de départ en vacances varie ainsi du simple au double entre le bas et le haut de l’échelle des revenus ; et ces différences ont tendance à se creuser depuis la crise. Avec celle-ci, les foyers les plus modestes, déjà en prise avec des difficultés pour boucler leurs fins de mois, sont les premiers touchés par l’augmentation du chômage. Dès lors, partir en vacances semble, pour ces groupes, de plus en plus improbable. Et le manque de moyens n’est pas le seul obstacle ; la plupart des vacances des Français se font à moindre coût : selon la Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services (DGCIS), 88 % de leurs voyages en 2011 sont restés dans l’Hexagone, plus des trois quarts ont été effectués par la route, essentiellement en voiture, et l’hébergement chez des amis ou la famille reste prédominant. Autant de possibilités qui ne s’offrent pas toujours aux plus modestes qui, en moyenne, sont moins souvent équipés d’une voiture et disposent également d’un réseau relationnel moins étendu. À cela s’ajoute le fait que le développement des offres touristiques par Internet exclut une partie des moins fortunés qui n’ont pas d’accès à Internet chez eux 1.

À côté de cela, 80 % des Français envisageraient de réduire leurs dépenses de loisirs 2 ; ils étaient déjà 29 %, l’an dernier, à dépenser moins pour leurs sorties 3. Il ne s’agit pas tant de supprimer ce poste de dépenses, mais plutôt de le réorienter vers des sorties de proximité, de la musique, de grands événements ou, mieux encore, des loisirs gratuits ; théâtres, petites salles de spectacle et restaurants subissent, eux, une baisse significative de fréquentation.