De Lucy à nos jours... A la découverte de nos origines

La renommée de Lucy doit autant à l'importance intrinsèque de la découverte qu'au sens aigu de la communication de ses inventeurs.

Il est vrai que la trouvaille était exceptionnelle. En 1974, une équipe franco-américaine, dirigée par Donald Johanson et Maurice Taieb, à laquelle participe Yves Coppens, mène une campagne de fouilles dans la région du Hadar en Ethiopie. Elle dégage du sol un squelette presque complet (à 40 %) dont l'anatomie est à mi-chemin de celles du singe et de l'humain (le crâne est à peine plus gros que celui d'un grand singe, le bas du corps atteste de la bipédie). C'est un australopithèque, que les chercheurs identifieront, après quelques polémiques, comme un Australopitecus afarensis.

Mais en attendant, il fallait donner un nom plus familier à ce petit tas d'os. Au moment de la découverte, les paléoanthropologues écoutent à la radio les Beatles chanter Lucy in the Sky with Diamond. On l'appellera donc Lucy. En quelques semaines, le nom fait le tour de la planète et Lucy devient tout à coup la star de la préhistoire. Mais il fallait aussi lui trouver un sens et sa place dans le scénario de l'évolution humaine. Et là, les choses étaient moins faciles...

La famille des australopithèques

Qui est Lucy ? Une pièce dans le puzzle de nos origines, puzzle qui en comprend des milliers d'autres et dont seulement quelques dizaines ont été trouvées à ce jour. Ces pièces permettent d'imaginer ce que pourrait être le tableau général de l'évolution. Aujourd'hui, le schéma retenu est à peu près le suivant : il y a huit millions d'années environ, les ancêtres communs des grands singes et des humains se sont séparés en plusieurs lignées. Les uns vont évoluer vers les grands singes actuels (dont les chimpanzés), les autres vont donner naissance aux australopithèques, il y a quatre à cinq millions d'années. Lucy en est la représentante la plus connue (et la plus médiatisée).