De quelle couleur les animaux voient le monde ?

À chaque espèce sa vision du monde. Les souris ne voient le monde qu’en noir et blanc. Le chat, qui les poursuit, est dichromate : il ne perçoit que les teintes entre le bleu et le jaune. Il est aveugle au rouge. Comme la vache ou le taureau qui, dans l’arène, ne réagit pas au rouge de la muleta mais à son mouvement.
Parmi les mammifères, les humains sont les rares à percevoir un spectre de couleurs assez étendu allant de l’ultraviolet à l’infrarouge. Et cela grâce à des pigments qui ne sont pas présents chez les autres espèces, à l’exception de certains primates.
Faut-il en conclure que la vision des humains est plus « évoluée » que celle des autres espèces animales ? Pas du tout. L’écureuil est également doté d’une bonne vision des couleurs. Or personne ne songerait à le placer au sommet de l’arbre de l’évolution.
Et si l’on quitte le monde des mammifères, on découvre alors que la vision des couleurs est loin d’être un privilège des humains et des écureuils. Les poissons, comme les poulpes et la plupart des amphibiens, possèdent une bonne vision colorée. Les reptiles aussi : serpents, tortues, lézards différencient plusieurs teintes. Mais ce sont les insectes et les oiseaux qui ont développé la perception des couleurs la plus étendue : la plupart voient notamment une gamme de teintes au-delà de l’ultraviolet, des couleurs que nous ne verrons jamais, faute de cellules réceptrices adaptées.
Les fourmis et les abeilles aussi voient dans l’ultraviolet. Le fait avait déjà été révélé dans les années 1880 par sir John Lubbock, le voisin et ami de Charles Darwin, qui eut l’idée d’observer le comportement d’insectes placés sous une lumière ultraviolette.
Comme l’écrit Timothy Goldsmith qui a démontré le riche spectre de couleurs dans lequel évoluent les oiseaux : « Nous sommes tellement enfermés dans l’univers de nos propres sens que nous ne pouvons pas envisager une autre vision du monde que la nôtre. La vision des oiseaux nous invite à un peu d’humilité : la réalité que nous percevons n’est qu’une parmi d’autres (1). »