Des HLM aux pavillons, la crainte d'être rattrapé

Avec l’arrivée de familles immigrées dans les pavillons, celles issues des cités craignent de voir leurs efforts pour en sortir réduits à néant.

Dans leur ouvrage, Marie Cartier, Isabelle Coutant, Olivier Masclet et Yasmine Siblot consacre un chapitre à des trajectoires de femmes issues des cités HLM qui se sont installées avec leur famille dans les pavillons « chics » des Peupliers. Filles d’immigrés nées en France, elles et leurs maris ont connu une petite mobilité sociale ascendante pour devenir employés administratifs, machiniste, comptable puis cadre par promotion interne. Les entretiens révèlent la force de leur désir de quitter la cité pour se hisser socialement et offrir « autre chose » à leurs enfants. Ces familles ont consenti d’importants sacrifices financiers pour ne plus être perçues comme « inférieures, pauvres ou immigrées ». Le pavillon, c’est être « comme tout le monde », acquérir une respectabilité. L’école fait aussi l’objet d’un investissement particulier, à travers les associations de parents d’élèves (FCPE) ou de stratégies d’évitement des établissements Zep (choix du privé, options rares…). On comprend dès lors pourquoi les transformations du quartier, avec l’arrivée de familles immigrées, nourrissent leur crainte de l’amalgame et de la « baisse de niveau ». Selon Samira Ben M’Rad, l’une de ces femmes issues des cités, « on sent que ça se dégrade ».

• Marie Cartier, Isabelle Coutant, Olivier Masclet et Yasmine Siblot, La Découverte, 2008.