Dis-moi dans quel pays tu vis, je te dirai quel élève tu es

Les enquêtes internationales montrent que les contenus scolaires et les manières d’enseigner influent sur l’attitude des élèves et leur appétence pour la chose scolaire.

Nous sommes désormais habitués à lire dans la presse les derniers résultats des enquêtes Pisa, enquêtes internationales qui mesurent les acquis des jeunes de 15 ans, et fournissent ainsi des indicateurs précieux pour la comparaison des systèmes éducatifs. Ce que l’on sait moins, c’est que ces enquêtes recèlent une masse de données souvent complexes à interpréter. Seuls les experts peuvent en tirer des analyses dont la fécondité va au-delà de l’affichage d’un palmarès.

C’est ce à quoi se sont attelés trois sociologues. Ils montrent dans une étude récente comment les contenus et les mani­ères d’enseigner diffèrent selon les pays et influencent en retour l’attitude des jeunes vis-à-vis de l’école. De grands sociologues du siècle passé – Michael Young (Knowledge and Control, 1971), Pierre Bourdieu (La Reproduction, avec Jean-Claude Passeron, 1970) ou Basil Bernstein (Class, Codes and Control, 1971), avaient initié cette « sociologie du curriculum » : pour eux, les programmes et les savoirs enseignés étaient le reflet des sociétés, per­mettant de reproduire les hié­rarchies sociales, diffusant un langage, des modes de pensée et de raisonnement beaucoup plus accessibles à certains élèves qu’à d’autres. Au-delà de sa fonction culturelle, l’école œuvrait à la reproduction sociale…