Le commerce international
Selon la théorie économique classique, formulée par David Ricardo et affinée par la suite 1, les nations ont toujours intérêt à échanger entre elles. Chacune mettant à profit ses atouts, il en résulte un bien supérieur pour toutes. Ainsi, l'Espagne a intérêt à échanger ses fruits avec l'Allemagne contre des machines-outils.
Cependant, l'observation des flux du commerce mondial montre un phénomène singulier : la plupart des échanges ont lieu entre pays similaires et dans les mêmes marchés. Ainsi, l'Italie, la France et l'Allemagne sont à la fois productrices et importatrices d'automobiles entre elles. Comment expliquer ce phénomène, puisqu'il n'y a pas ici « d'avantages comparatifs » d'un pays par rapport à l'autre ? Les nouvelles théories du commerce international, apparues dans les années 80, se sont développées pour tenter d'expliquer cette situation.
Lorsque les coûts d'investissement initiaux sont très importants (pour produire des automobiles ou des avions, par exemple), le nombre de producteurs est limité à cause du coût d'investissement. On dit qu'il y a situation de « concurrence monopolistique », c'est-à-dire un petit nombre de producteurs sur le marché. Dans une telle situation de concurrence « imparfaite », les rendements sont croissants. Pour développer un nouveau modèle, Renault doit investir par exemple 100 millions de francs (coût initial constant) mais elle démultiplie ses bénéfices si elle vend 200 000 exemplaires au lieu de 150 000 du même modèle.
Dans une telle configuration, un producteur ne peut multiplier les gammes de voitures (à cause des coûts initiaux). Ici, la théorie montre qu'il est avantageux de commercer entre pays sur des produits similaires afin de se partager un marché plus étendu.
Les nouvelles théories du commerce international doivent beaucoup au talent de vulgarisateur de Paul Krugman, économiste très en vue aux Etats-Unis. Mais aussi parce que certains modèles ont conduit à des conclusions déroutantes. Celui de James Bander et de Barbara Spencer montrait ainsi que, dans certaines situations, les Etats avaient intérêt à aider leurs entreprises nationales pour conquérir un marché. C'est ce que l'on a appelé la « politique commerciale stratégique ». Ce qui pose un problème, puisqu'un tel « coup de pouce » est en infraction formelle avec les règles affichées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui est censée faire la loi en ce domaine...