D'autres vont lui emboîter le pas. Après le monétarisme 1, courant dont il est l'inspirateur, apparaissent diverses théories ayant un objectif commun : bouter l'Etat hors de la vie économique et restaurer le libre fonctionnement du marché.
Ces partisans du laisser-faire vont monter en puissance au sein du débat scientifique. Mais c'est avec la crise qui s'installe à partir du milieu des années 70 (chocs pétroliers de 1973 et 1979, montée conjointe de l'inflation et du chômage, impuissance des politiques de relance) que les politiques qu'ils préconisent sont mises en oeuvre : la vague libérale déferle.
Contre Keynes
Persuadé de la supériorité du marché, M. Friedman est aussi un positiviste et un travailleur forcené. C'est donc en se plongeant dans les statistiques du NBER 2 qu'il va essayer de montrer que les politiques conjoncturelles, fer de lance du modèle keynésien, sont inefficaces. Ainsi, il soutient que la consommation des agents économiques ne dépend pas de leur revenu courant, mais de leur revenu permanent, c'est-à-dire celui qu'ils estiment en fonction de leur revenu réel, et de ce qu'ils pensent ga- gner dans le futur. Dès lors, toute relance économique par les dépenses publiques n'influe que partiellement sur la consommation : en effet, cette relance sera considérée comme un revenu transitoire, alors que les agents se décident en fonction de leur revenu permanent.
Il s'attaque ensuite à la politique monétaire : pour John Maynard Keynes, l'injection de monnaie dans le circuit économique permet de stimuler l'activité, et donc de lutter contre le chômage. M. Friedman admet que cet effet existe, mais il n'est selon lui que passager. En revanche, la politique monétaire expansive a une autre conséquence, durable celle-là : l'augmentation des prix. Conclusion : à long terme, la relance monétaire ne sert qu'à aggraver l'inflation, et ne peut faire baisser le chômage. Pour les monétaristes, les autorités doivent se fixer comme objectif non pas le plein emploi, mais la stabilité des prix. Pour ce faire, il faut équilibrer le budget et calquer l'évolution de la masse monétaire sur celle de la production.