Et si les lésions cérébrales rendaient heureux ?

La psychologue anglaise Janelle Jones a eu l’idée d’interroger 630 personnes atteindre de lésions cérébrales acquises suite à un accident de la route, à une chute ou à un AVC. Les personnes étaient invitées à répondre à un questionnaire sur leur identité (« se perçoivent-ils comme des survivants ? »), sur l’importance de leur soutien social et aussi sur leur état de bien-être personnel.

On se serait douté que le fait d’avoir survécu, même avec des séquelles, à un grave accident change la perception de la vie, que cela change aussi les relations avec l’entourage. L’enquête confirme tout cela. Mais, plus surprenant, plus les lésions cérébrales sont graves plus les gens sont heureux et satisfaits de leur vie actuelle !

Reste à savoir à quoi attribuer cette curieuse relation entre bonheur et lésion cérébrale. Aux effets physiologiques des lésions elles-mêmes qui auraient un effet bénéfique inattendu ? À moins que ce soient la prise en charge et le soutien social d’autant plus importants que les séquelles sont fortes qui contribuent à améliorer le bien-être et le goût pour la vie. Les chercheurs en débattent.

J. Jones pense quant à elle que son étude confirme la fameuse formule de Friedrich Nietzsche : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. » En fait, il faudrait dire ici : ce qui ne nous tue pas nous rend plus heureux. 

publicité

 

Janelle Jones et al., « That which doesn’t kill us can make us stronger (and more satisfied with life): The contribution of personal and social changes to well-being after acquired brain injury », Psychology and Health, vol. XXVI, n° 3, mars 2011.