Faut-il mettre fin à la mixité scolaire ?

Depuis quelque temps, un vent - soufflant surtout d'outre-Atlantique - s'élève contre la mixité sur les bancs de l'école : pour certains, elle lèserait les filles ; pour d'autres, elle serait la cause du décrochage scolaire de beaucoup de garçons, ainsi que des violences sexistes... Qu'en disent les travaux scientifiques ?

Il est des « acquis » que l'on croit rangés une fois pour toutes dans les coffres-forts de la République, sur lesquels il semble évident que l'on ne reviendra pas, sachant que ceux qui tentent de le faire sont, soit des dictateurs totalitaires qui décident ce qui les arrange, soit de fieffés conservateurs nostalgiques d'un ordre ancien. Puis un jour se produit ce que d'aucuns appellent un « effet boomerang » : l'acquis que l'on croyait définitif vous revient dans la figure, questionné justement par la démocratie toujours en marche.

C'est un peu ce qui est en train de se passer au sujet de la mixité à l'école. Le fait que les filles et les garçons soient réunis sur les mêmes bancs et soumis aux mêmes enseignements est considéré aujourd'hui de manière quasi consensuelle comme un progrès de l'égalité entre les hommes et les femmes.

En France, la République a instauré la mixité des établissements scolaires en unifiant les programmes, progressivement, dans les années 60. Plus globalement, on peut dire qu'elle a été installée dans toutes les démocraties occidentales dans la seconde moitié du xxe siècle, y compris dans bien des écoles confessionnelles.

Les féministes elles-mêmes se sont battues pour la mixité scolaire, considérée comme une étape incontournable de l'égalité des sexes. Depuis une vingtaine d'années cependant, elles n'ont cessé de montrer l'imperfection de cette mixité, qui continue à laisser la voie libre aux garçons dans l'enseignement professionnel d'une part, dans les filières scientifiques de haut niveau d'autre part : les filles ne représentent toujours qu'environ un tiers des effectifs des filières scientifiques de l'université, et encore moitié moins dans les grandes écoles d'ingénieurs (15 % de filles à Polytechnique).