L'influence des copains

Les fréquentations des enfants et des adolescents inquiètent souvent les familles. Mais quels sont leurs effets réels sur la scolarité ?

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Aller à école, ce n’est pas seulement apprendre à lire, écrire, compter et retenir la date de la bataille de Marignan. C’est aussi élaborer une vie sociale hors du foyer familial. Les copains et les copines nous accompagnent des mois ou des années durant, et cela n’est pas sans conséquences. Dans les années 1990, la psychologue Judith Harris mettait en évidence le rôle des pairs dans la construction des individus dès l’école primaire 1. Dans le domaine de l’éducation, les chercheurs parlent des « effets de pairs » 2, mis en lumière pour la première fois en 1966 dans le rapport Coleman (du nom d’un sociologue américain). Cette étude, malgré sa méthodologie bancale, jette un pavé dans la mare : les résultats d’un individu seraient conditionnés par les caractéristiques de ses camarades, en particulier par leur milieu social. Cinquante ans plus tard, où en est-on ? Globalement, on sait que les élèves ayant les meilleures notes ont tendance à tirer les autres vers le haut. De même, la concentration d’élèves en difficulté pénalise les performances de tout le groupe. Voilà pour les grandes lignes.

Mais dans le détail, l’affaire est plus complexe. L’influence des pairs est peu marquée avant le collège, sans doute parce que les questions d’identité et d’amitié ne prennent vraiment de l’ampleur qu’à la préadolescence. Pour beaucoup d’élèves, l’entrée au collège est l’occasion de redéfinir son cercle d’amis. À ce moment-là, plutôt que de privilégier des copains de longue date, les adolescents préfèrent fréquenter des élèves aux résultats comparables : les plus studieux se tournent vers les meilleurs éléments de leur classe, tandis que ceux qui sont en difficulté vont avoir tendance à se regrouper pour préserver leur estime d’eux-mêmes.