Galerie de portraits

Léon Richer (1824-1911)
Défenseur des droits civils féminins

Né dans un milieu aisé, Léon Richer se destine au notariat, mais des soucis financiers le conduisent à rester clerc de notaire pendant une quinzaine d’années. Il devient ensuite journaliste. Franc-maçon, il écrit des articles en faveur des droits des femmes. À partir de 1866, il donne des conférences sur l’émancipation féminine au Grand Orient de France.

En 1869, L. Richer crée le journal Le Droit des femmes. Le titre lui permet de diffuser ses idées féministes et de rassembler des volontaires, par exemple l’écrivaine André Léo. Il fonde avec son épouse l’Association pour le droit des femmes qui devient en 1874, la Société pour l’amélioration du sort des femmes (SASF).

En 1878, il organise le premier Congrès international du droit des femmes. Plus de 600 féministes y participent, regroupant onze nationalités (française, anglaise, allemande, américaine, italienne…). Les cinq ateliers organisés sur le divorce, le travail des femmes ou encore l’instruction comptent une bonne moitié d’hommes. Le droit de vote des femmes n’est pas traité, alors que la suffragiste Hubertine Auclert, membre de la SASF, avait prévu d’intervenir sur le sujet.

En effet, bien qu’il y soit favorable, L. Richer considère que le contexte n’est pas propice : la société n’est pas prête selon lui, et il craint par-dessus tout le vote réactionnaire féminin. Son expérience professionnelle de notaire l’a sensibilisé aux injustices du code civil napoléonien et il estime qu’il faut revendiquer en priorité des droits civils pour les femmes (divorce, instruction…). En 1883, il publie Le Code des femmes, une étude pour réformer le code civil et le rendre plus égalitaire. En 1889, à l’occasion de l’exposition internationale, il organise un second Congrès international du droit des femmes.

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De plus en plus contesté par les féministes pour son hégémonisme et sa politique de « petits pas », il quitte la présidence de la SASF en 1878 et passe la main à Maria Deraismes.


Maria Deraismes (1828 - 1894)
Égalitariste intégrale

Philosophe et intellectuelle, Maria Deraismes est née dans une famille de commerçants où elle a reçu une sérieuse éducation. Restée célibataire toute sa vie, elle hérite avec sa sœur de la fortune parentale. En 1866, Léon Richer lui demande d’intervenir comme conférencière, ce qu’elle accepte. Démarre alors un parcours militant commun. Elle contribue à la plupart des actions entreprises par L. Richer en faveur des droits des femmes et prend même la tête de la SASF en 1878, lorsque ce dernier l’abandonne.

Dans ses écrits, M. Deraismes s’attache à démontrer l’androcentrisme des philosophes, des scientifiques, des politiques et du sens commun. Elle dénonce les représentations stéréotypées des femmes dans les romans et les pièces de théâtre. La féministe fustige l’expression « Tue-la ! » employée dans la pièce La Femme de Claude d’Alexandre Dumas fils au sujet de la femme adultère (1873) ou encore l’attachement d’Émile Zola aux physiologistes malgré leurs visions dépréciatives du cerveau féminin. M. Deraismes milite pour l’égalité des sexes dans tous les domaines. Elle reste attachée durant toute sa vie à la défense de ce principe sans aucune restriction, bien davantage que L. Richer.