La présence de femmes dans les manifestations surprend encore, comme si cela n’allait pas de soi. Pourtant, les femmes manifestent et font grève depuis longtemps. Leur présence est dissimulée derrière les porte-parole qui restent très souvent masculins. Dans ce livre issu de son habilitation à diriger des recherches, l’historienne Fanny Gallot entreprend une consciencieuse recension des mobilisations féminines populaires depuis la Seconde Guerre mondiale. La spécialiste a déjà réalisé sa thèse sur les combats des ouvrières (En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société, La Découverte, 2015).
L’historienne rappelle que, dès le 18e siècle, les femmes participent à des révoltes, par exemple antifiscales ou frumentaires contre l’augmentation du prix du pain. Et, alors que la grève devient le moyen d’action privilégié au 19e siècle, des femmes tiennent les piquets de grève ou assurent l’intendance nécessaire à la mobilisation. Le travail domestique et éducatif constitue souvent le leitmotiv des mobilisations. Ainsi, dans les décennies 1950 et 1960, les femmes œuvrent notamment au sein de deux associations : l’Union des femmes françaises (UFF) de tendance communiste et le Mouvement populaire des familles d’obédience catholique (MPF). Il s’agit de créer des liens et de s’entraider. Certaines sections du MPF se dotent, par exemple, de machines à laver que les femmes peuvent utiliser à tour de rôle.