Grandeur et misère de la coopération internationale

Absence d’autorité centrale et de valeurs communes, évolution rapide des connaissances, interdépendance croissante des économies et des sociétés…, autant de facteurs qui rendent difficile la coopération entre États.

À la suite de l’« échec » de Copenhague, le pessimisme l’emporte. La communauté internationale semble éprouver les plus grandes difficultés à agir de concert face aux problèmes environnementaux. Malgré les efforts diplomatiques déployés depuis quatre décennies, les problèmes de pollution et d’extinction demeurent, voire s’amplifient. D’autres surgissent. On dénonce le manque d’accords contraignants, l’incapacité des États et de la communauté internationale à remplir leurs engagements, ou encore les piètres résultats des actions entreprises.

Le risque que s’installe ainsi une certaine « fatigue diplomatique » est grand, aussi bien chez les États qu’au sein de leurs populations. En premier lieu, les « grandes messes » internationales (Rio, 1992 ; Johannesbourg, 2002 ; Copenhague, 2009) fortement médiatisées, n’ont pas débouché sur les solutions immédiates et tangibles que le grand public attendait : accords peu contraignants et non appliqués, plans d’action fourre-tout et vagues, questions d’environnement de plus en plus marginalisées au profit des questions économiques et sociales (dans un contexte de « développement durable »), institutions internationales affaiblies plutôt que renforcées… Sans oublier la désillusion des sociétés civiles qui se sentent de plus en plus déconnectées du contenu des négociations, alors que paradoxalement, leur accès à ces négociations s’est amélioré.

 

L’exemple du droit international

En deuxième lieu, depuis les années 1960, les sociétés se sont attaquées aux phénomènes les plus visibles, les plus immédiats et les moins coûteux auxquels remédier : pollution de l’atmosphère et des eaux douces, protection de certains sites non exploités ou d’espèces emblématiques, réglementation du transport de matières dangereuses, pollution des mers par les hydrocarbures, interdiction de pesticides ou d’autres substances dangereuses… La mise en œuvre effective des mesures adoptées dans d’autres domaines a été lente, voire inexistante.

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Enfin, le progrès des connaissances, loin de simplifier les problèmes, en montre toute la complexité. On s’aperçoit qu’il n’y a jamais de solution miracle et qu’au lieu de résoudre un problème d’environnement, on le transfère souvent vers un autre lieu, à une autre époque, sur un autre groupe ou dans un autre milieu. Les effets pervers abondent : éliminer les aérosols aggrave le réchauffement climatique à court terme ; interdire le commerce d’une espèce peut accroître les risques de réduction de sa population en renforçant le braconnage…

Ainsi, la connaissance scientifique ne peut pas faciliter le choix entre différentes valeurs ou entre différentes définitions de l’intérêt national ; au contraire, parfois elle les complique.

Certes, il existe des cas de coopération réussie. Le droit international de l’environnement, par exemple, s’est considérablement renforcé depuis quatre décennies, à travers la signature de nombreux accords novateurs, la création d’institutions diverses (depuis les ministères de l’Environnement jusqu’aux secrétariats d’accords multilatéraux sur l’environnement), ou l’élaboration de normes et de nouveaux principes. Sur le plan national, de nombreux pays ont fait des progrès remarquables, notamment en matière de pollution locale de l’air et de l’eau ou de l’aménagement des territoires. Au niveau international, certains domaines ont aussi vu une coopération marquée, notamment la lutte contre l’appauvrissement de la couche d’ozone, le transport des déchets, la lutte contre les pluies acides (du moins en Amérique du Nord et en Europe), ou le contrôle du commerce de certaines espèces menacées, quand l’instabilité politique et la corruption n’invalident pas ces efforts.