Héloïse, l'amour comme sacrifice (1092-1164)

Cette femme lettrée a développé dans ses correspondances une éthique amoureuse basée sur l’engagement constant et irrévocable… Jusqu’au sacrifice de soi.

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Née vers 1092, Héloïse est une orpheline de la première croisade. Éduquée au monastère d’Argenteuil, elle était déjà renommée pour sa culture latine lorsque son oncle Fulbert, chanoine de Paris, entreprit de parfaire son éducation vers 1115, en la confiant au philosophe Pierre Abélard. Le maître proposa d’écrire des lettres d’amour comme exercice littéraire pour séduire la jeune femme. Cette correspondance donna l’occasion à la jeune femme d’engager une discussion sur la nature de ce sentiment. Alors que l’homme décrit l’amour comme une force aveugle et irrépressible, elle privilégie la notion de « dilection », comprise comme un choix raisonnable. Fondée sur les vertus de l’être aimé, cette affection donne lieu à un engagement constant et irrévocable. Cela exige également une réciprocité des attentions que se témoignent les amants, et un devoir d’obéissance absolue aux demandes de l’autre. La revendication d’égalité éthique au sein du couple est fortement marquée dans certaines lettres. Héloïse adapte ainsi aux relations entre une femme et un homme des points essentiels de la doctrine de l’amitié cicéronienne exclusivement masculine dans la Rome antique.