Histoire d'un empire nomade

La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde, Marie Favereau, Perrin, 2023, 432 p., 25 €.

Des Mongols, on a gardé l’image de cavaliers surgissant des plaines d’Asie centrale pour massacrer et piller. Mais ils surent aussi construire un empire prospère qui dura près de trois siècles entre Orient et Occident.

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Dans les lieux communs de l’histoire mondiale, celui opposant les sédentaires aux nomades est particulièrement tenace. Aux premiers reviendrait le mérite d’avoir fondé des villes, établit des administrations, créé des États, en somme d’être les moteurs de la civilisation. Les seconds, perturbateurs, n’auraient été que des prédateurs indisciplinés et batailleurs entravant par leurs coups de main le développement des précédents. Les sources dont nous disposons étant souvent celles laissées par leurs cibles, leur réputation de barbares a été longuement entretenue, à l’instar de celle des Vikings, présentés comme des voleurs sans foi ni loi. Le livre de Marie Favereau consacré à la Horde d’or démontre brillamment qu’il n’en est rien.

Certes, les traces architecturales et lexicales des Mongols sont rares et leur absence est un obstacle à l’imaginaire historiographique. Mais de l’inexistence de sites grandioses, on ne saurait déduire que rien ne demeure des près de trois siècles (13e-15e siècle) de la geste mongole. Car leur empire ne fut en rien l’apparition furtive et éphémère de bandes de cavaliers seulement préoccupés d’engranger sans peine un butin extorqué.

Le pouvoir par l’intégration

M. Favereau s’attache principalement à l’étude de la Horde d’or, soit cette partie du territoire dévolue à un ulus (peuple) après la tripartition décidée par Gengis Khan entre 1160 et 1227. Le fils aîné du grand khan, Jochi, hérita du territoire des steppes situées à l’ouest de la Mongolie, et son peuple migra vers le territoire situé entre la mer Noire et la région Volga-Oural. En lien avec la partie orientale du continent, en Mongolie et Chine, la Horde a mis en place une organisation dont l’étude détaillée montre ici toute l’ampleur. Ce n’est donc pas dans le seul esprit de pillage que les Mongols se lancèrent à l’assaut des plaines de l’Ouest, mais par volonté de soumettre les autres peuples nomades et d’assurer ainsi leur sécurité et leurs échanges commerciaux.