La douleur, cette vieille compagne, a elle aussi une histoire : celle de sa reconnaissance publique, changeante selon les époques. En effet, il a toujours été nécessaire de « produire dans l’espace public des certitudes partagées quant à la réalité subjective de la douleur observée ». C’est donc, en même temps qu’un travail d’historien, un projet de philosophie qu’a mené à bien Javier Moscoso, chercheur au Conseil espagnol de la recherche.
La douleur est une expérience intime. Pour qu’entre celui qui souffre et celui qui le voit souffrir puisse s’établir un rapport, il faut que les formes rhétoriques idoines soient utilisées. Ce qui n’est pas obligatoirement le cas puisque la convergence entre une expérience subjective et sa mesure objective ne va jamais de soi. Que l’on considère par exemple l’ascétisme religieux du Haut Moyen-Âge ou du 17e siècle, et sa conception de la douleur. Celle-ci est vue comme éducative, comme un commencement. C’est l’étape obligatoire d’un chemin de rédemption. Et sous les coups et les lacérations, le corps se doit de rester impassible. Le Christ, modèle par excellence, avait montré la voie sur la Croix.