Howard Gardner À chacun son intelligence

La théorie des intelligences multiples a été accueillie comme le Messie par la communauté des éducateurs, et reste très influente trente-cinq ans plus tard.

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« L’intelligence ? C’est ce que mesurent mes tests. » Chacun connaît la boutade lancée selon la légende par Alfred Binet. Nul n’étant prophète en son pays, c’est surtout aux États-Unis que son travail est d’abord salué. C’est là aussi que les modes de calcul sont revisités avant que l’Allemand William Stern mette au point, en 1912, le fameux quotient intellectuel, le QI. Et, en effet, « intelligence », dans le langage commun, est devenu synonyme de ce que mesure le QI.

Dès qu’il s’agit d’aller plus loin, le 20e siècle est riche en débats ardus. L’intelligence se caractérise-t-elle par une qualité générale, le facteur g, (hypothèse du psychologue anglais Charles Spearman). Se décompose-t-elle en aptitudes primaires plus ou moins indépendantes (compréhension verbale, aisance numérique, raisonnement…) (théorie signée Louis Leon Thurstone). Ou bien, selon un modèle mixte avancé en 1993 par John Carroll, le facteur g chapeaute-t-il deux niveaux d’aptitudes spécifiques ? Autant de variations sur le même thème de l’intelligence unique. Mais d’autres psychologues se sentent à l’étroit au point d’évoquer plusieurs intelligences. Raymond Cattell propose de différencier une intelligence fluide (grosso modo, une adaptation à l’ici et maintenant) et une intelligence cristallisée (la somme de nos connaissances, dont seulement certaines sont sollicitées à l’instant présent). David Wechsler, dans sa batterie de tests WAIS, préconise le calcul de deux quotients intellectuels, l’un verbal et l’autre non verbal. Joy Guilford s’intéresse à l’intelligence créative.