Ils ont fait parler les mythes

Depuis l’Antiquité, les mythes intriguent par leur étrangeté. Philosophes, poètes, puis linguistes, anthropologues et historiens on tenté de les déchiffrer de différentes manières.

Une lecture historique

Évhémère, mythographe grec né vers 316 av. J.‑C., a, dans son roman L’Écriture sacrée, inauguré l’idée que les dieux et déesses du Panthéon correspondaient au souvenir laissé par des personnages marquants ayant réellement existé : Zeus aurait été un roi plein de sagesse, Aphrodite une courtisane et Athéna une princesse guerrière. Sa démarche, l’évhémérisme, lui survivra en Europe médiévale chrétienne, permettant de citer les légendes antiques en leur ôtant leur caractère sacré. Au 20e siècle, on qualifiera de néoévhéméristes les théories supposant que des événements historiques sont à l’origine des récits mythiques.

Mythes et philosophie

Les poètes italiens Boccace (1331-1375) et Pétrarque (1304-1374), reprenant une idée des stoïciens, font une lecture allégorique des mythes : les personnages incarnent des vices, des vertus et des notions abstraites telles que la gloire, la fortune ou la sagesse. Cette approche philosophique aura des défenseurs jusqu’au 18e siècle (Georg Pictorius, Natalis Comes, Giambattista Vico).

Le philosophe Friedrich von Schelling (1775-1854), dans Philosophie de la mythologie (1821) critique la lecture allégorique des mythes : pour lui, les mythologies ont connu un développement historique, partant des représentations de la nature jusqu’à une conception anthropomorphique des divinités.