Depuis sa création en 2013, le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) a multiplié les études sur les répercussions scolaires des inégalités sociales, économiques et culturelles. Ses derniers travaux, publiés en octobre 2018, évaluent cette fois l’impact du territoire, à partir d’une vaste étude de la situation dans les collèges en Île-de-France, ainsi qu’à l’échelle nationale. Comment comprendre la persistance de l’échec scolaire dans les quartiers défavorisés, malgré des décennies de politiques éducatives prioritaires ?
Les cinq zones d’île-de-France
Pour répondre à cette question, les chercheurs du Cnesco ont procédé à une observation très fine des territoires, afin d’établir des corrélations précises entre les ressources investies et leurs résultats. Les géographes ont ainsi choisi d’utiliser la plus petite unité territoriale créée par l’Insee, voici une vingtaine d’années, « l’îlot regroupé pour l’information statistique » (iris), regroupant entre 1 800 et 5 000 habitants, comparable à un quartier. « Une manière de s’affranchir des notions de la carte scolaire et de la sectorisation dont les contours sont flous et les données peu accessibles », explique Patrice Caro, enseignant-chercheur à l’université de Caen et coordinateur de l’étude du Cnesco. Dans le panorama francilien, cinq types de territoires ont ainsi émergé, à partir du croisement de 23 variables sociospatiales (niveau d’études, chômage, habitat, immigration…) :
- les territoires parisiens et de banlieues très favorisés, où le capital culturel et le revenu médian sont les plus élevés (22 % de la population) ;
- les banlieues résidentielles favorisées (32 %), où la population possède un fort niveau économique et culturel également ;
- les quartiers défavorisés (29 %) : sans être les plus pauvres, ils sont largement concernés par le chômage des jeunes (29 %), l’immigration (23 %), les familles monoparentales (18 %)… ;
- les territoires regroupant le plus de difficultés socioéconomiques (17 %). Le niveau de vie y est deux fois inférieur à la moyenne de l’Île-de-France, le chômage y touche 40 % des 15-24 ans, et plus des deux tiers de la population vivent en HLM ;
- les territoires peu denses de la grande couronne (Yvelines, Essonne, Seine-et-Marne, Val-d’Oise), plus éloignés de Paris, où la population est plutôt favorisée.