Lundi 13 mai, 7 heures. La sonnerie du réveil retentit. Marie tend le bras et tâtonne, à la recherche de son smartphone. L’objet vibre soudain, une notification « push » s’affiche sur l’écran. Encore ensommeillée, Marie ouvre un œil : « Roms : incendie meurtrier à Lyon ». Pressée d’en savoir plus, elle s’assied sur son lit et consulte brièvement la dépêche sur son site d’actualité favori. Sans lâcher son téléphone, elle se dirige vers la salle de bain et allume la radio, réglée sur une station d’information en continu. « Le gouvernement britannique se déchire sur l’Europe », « Deux journalistes agressés en Corse »… Rien de très réjouissant ce matin encore. Ces nouvelles, déclinées à l’infini sur tous les médias, Marie les entendra encore à la télévision avant de partir, les consultera sur son smartphonependant son trajet quotidien, en suivra les développements tout au long de la journée depuis son ordinateur professionnel.
Marie est un personnage fictif mais elle pourrait tout aussi bien être n’importe lequel d’entre nous. Des individus jonglant sans effort avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Des individus informés. Surinformés ? C’est la thèse que défend Rolf Dobelli, romancier et entrepreneur suisse, auteur d’un livre à succès et d’un article publié récemment dans le quotidien britannique The Guardian : « News is bad for you and giving up reading it will make you happier » (« Les informations sont mauvaises pour vous et arrêter de les lire vous rendra plus heureux »). Cette thèse pour le moins provocatrice, R. Dobelli l’a présentée il y a deux ans devant les prestigieuses conférences internationales TED (Technology, Entertainment and Design), qui visent à propager « des idées qui valent la peine d’être diffusées ».