Konrad Lorenz (1903-1989) Naissance de l'éthologie

Fin observateur des conduites animales, Konrad Lorenz théorise les comportements instinctifs. Il tentera ensuite d’appliquer ses découvertes à l’être humain, ce qui suscitera de vifs débats.

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En 1973, les Autrichiens Karl von Frisch (1886-1982), Konrad Lorenz et le Hollandais Nikolaas Tinbergen (1907-1988) reçoivent le prix Nobel de médecine et de physiologie pour leurs travaux sur la biologie du comportement animal. Tous trois sont considérés comme les fondateurs d’une nouvelle discipline, l’éthologie, dont les premières recherches remontent à l’entre-deux-guerres. Lorenz est le plus connu des trois : ce biologiste et zoologiste reste, pour le public « l’homme aux oies cendrées ».

Le phénomène de l’empreinte

En effet, c’est à partir de ses observations sur les oies, dans les années 1930, qu’il définit le phénomène de l’empreinte. Ce mécanisme correspond, chez les oiseaux, à une période précoce du développement, le moment où le nouveau-né fixe ses préférences à l’égard de ses congénères ou de sa mère. Lorenz avait démontré, en remplaçant la mère des jeunes oiseaux par un leurre, un autre animal (chat ou poule) ou même un humain, que les jeunes tout juste éclos considèrent ce substitut comme leur mère. Ils s’attachent durablement à lui et le suivent partout, comme ils le feraient avec leur mère biologique. L’oisillon n’a donc pas une connaissance innée de l’image de ses parents, mais il l’acquiert au cours d’une période précoce. Ce lien entre instinct et comportement sera le thème dominant de l’œuvre de Lorenz, développé notamment dans ses Trois essais sur le comportement animal et humain (1937 à 1954). Comme Charles Darwin l’avait soutenu, les comportements complexes (fabrication d’un nid, migration) sont des produits de la sélection naturelle transmis héréditairement, au même titre que la forme d’un organe. La réalité de l’instinct est attestée par l’existence d’une « réaction à vide », où l’animal réalise une séquence d’actes indépendamment de support réel. Ainsi l’étourneau, élevé par Lorenz dans son appartement, chassait des insectes imaginaires en réalisant toute la séquence de conduite de son espèce : poursuite au vol, saisie du bec, déglutition.