La méthode de séduction du jardinier satiné – un oiseau d’Australie ressemblant à un corbeau – est pour le moins originale. Quand arrive la saison des amours, on le voit partir collecter des brindilles de ci de là puis les étaler sur le sol pour former une sorte de tapis.
À partir de là, il construit deux haies parallèles sur le bord de son tapis de paille. Force est de constater que cette étrange construction ne ressemble à rien de connu. Mais ce n’est pas tout. L’oiseau va alors partir en quête de petits objets de couleur bleue (comme ses plumes) : pétales de fleurs, baies, bouchons de plastique, pinces à linge, etc., tout ce qu’il peut chiper à droite ou à gauche est bon a prendre du moment que c’est bleu. Puis il va déposer ces petits trésors sur son tapis de paille.
Quand une femelle curieuse s’approche pour observer son étrange construction, c’est alors que le spectacle commence. Sous les yeux subjugués de la belle, l’oiseau traverse sa haie, débouche tel un artiste de cirque sur la petite piste et se met à danser. Le voilà qui sautille, siffle, gonfle les ailes et s’ébroue.
S’il s’y est bien pris, la femelle émerveillée n’y résistera pas. Elle a déjà assisté à des spectacles similaires, réalisés par d’autres oiseaux des parages. Mais celui-ci est vraiment trop craquant. Elle s’avance, passe à son tour par la haie d’honneur et le désir fait le reste…
Cette petite histoire, digne de la « fièvre du samedi soir », est d’autant plus incroyable qu’elle est vraie ! Le jardinier d’Australie a construit une piste, exécuté une danse et séduit une femelle. Sa construction, qui lui a pris tant de temps, n’aura aucune autre fonction. La femelle s’en ira ensuite construire son propre nid. Cette débauche de moyens semble aller à l’encontre de la loi d’économie et d’efficacité qui règne d’ordinaire dans le monde animal.
Le macho et le courtisan
Les stratégies de séduction dans la nature se répartissent entre quelques formules simples. Du côté des mâles, il y a la stratégie du « macho » et celle du « courtisan ».
• La stratégie du macho consiste à casser la figure aux autres prétendants et à s’emparer de la (ou des) femelle(s). Cela se passe comme cela dans un grand nombre d’espèces, des reptiles aux insectes en passant par de nombreux mammifères : cerfs, girafes, éléphants de mer, gorilles ou zèbres…
Les combats sont parfois sanglants et meurtriers, parfois ritualisés où la menace et l’intimidation jouent une grande part. Le vaincu est celui qui refuse le combat, se soumet ou s’enfuit. Le vainqueur a désormais accès aux femelles. Dans les structures en harem, le mâle qui s’est débarrassé de plusieurs rivaux s’empare d’un petit groupe de femelles qui devient son « sérail ». On trouve cela chez les cerfs, les éléphants de mer, les lions, les dromadaires, les loups et de nombreux autres mammifères. Dans ce cas, les femelles ne sont pas vraiment séduites mais « conquises », au sens premier du terme. Elles doivent se soumettre de gré ou de force.
• La stratégie du courtisan est d’une autre nature. Cette fois, il ne s’agit plus de jouer des gros bras mais de faire la cour et de se comporter en gentleman. Chez de nombreux oiseaux, la stratégie de cour repose sur les piliers du bon séducteur : parure, parade, panache et petits cadeaux, tout comme chez notre jardinier satiné.